Textes


Boys and Girls Production - Contrechamp - La Chardière 2015

Il y a quelques mois, Philippe R. propose à Laurence D. d'exposer à "La Chardière Saint Jean", Chantonnay, Vendée.
L'homme est charmant, très cultivé, amateur éclairé d'art et de littérature.
La lieu est vaste, fonctionnel, superbe.
Oui, elle veut bien, en sera ravie et honorée.
Quelques temps auparavant, Laurence avait commencé une nouvelle série de peintures, la 58ème des Ouvrages de Dame, titre générique de son travail depuis 17 ans.
Une idée s'impose (comment ces séries naissent-elles ?) parce que l'air du temps, l'air de rien,l'idée, ça saute aux yeux et que bien sûr elle était déjà là depuis longtemps, blablabla ... Boys and Girls!
Il y a des garçons et des filles, des objets, des espaces, de la peinture, des tissus, du petit et du grand, de la couleur.
Elle veut de la diversité et de la cohérence dans ce qui vient. Du léger et du grave mélangés, comme d'habitude, quoi.
Selon l'usage, l'artiste invité peut à son tour convier un autre artiste à partager les lieux. Laurence propose à Jean-Claude A. de tenter l'expérience: elle lui soumet l'idée sur laquelle elle travaille déjà.
Perplexe, il réfléchit (un peu) et lui dit : oui madame, avec plaisir !
Ils ont déjà exposé ensemble en Juin 2003 à La Roche sur Yon. A l'époque, c'était lui qui l'avait invitée à partager l'espace d'un jardin d'une maison de femmes en transit, sorte de sas de repos intermédiaire. Il avait alors fait une installation de petites cabanes à habiller. Elle avait montré des peintures de corps marqués comme des patrons de couture.
Afin de répondre à leur nouveau projet de collaboration, il réalisera des petits croquis précis comme des pièces d'horlogerie, méticuleux et appliqués, dans des carnets, bien rangés. On se tel, se mail, se phone. On se voit, il faut sortir de sa tanière, expliquer (un peu), s'accorder en finesse. Il construit, fabrique des instruments d'une vraie fiction, de la belle histoire rock montée de toute pièce :
CUPIDON, the Noise of Broken Heart.

De l'ampli "Gender" au tapis agité des "Cuts", de la pédale d'effets "Bad News" (type Cry Baby), aux "Ex-votos" (avec variantes de couleurs de peaux), la Maison de Production BOYS and GIRLS fait le lien et déroule la ligne accidentée des sentiments.
" Toutes les filles pleurent" mais "Boys don't cry", rien n'est sûr mais tout est possible.
Même dans le mystère des piscines, des drames chlorés se tissent sous l'éblouissement solaire.
Aquatiques et énigmatiques.

A l'affiche, donc : "Boys and Girls" (peintures) par Laurence D.(included Swimming Pools, Cuts, Ex-votos, Enfin seuls) / CUPIDON, the Noise of Broken Heart par Antonin II (Artaud): installation sculpturale et sonore, avec produits dérivés.

- On a bien travaillé, madame ?

Laurence Drapeau - Août 2015

 

 

Texte de Bernard Philippeaux 2013

Je connais Laurence Drapeau, et sa pratique de la peinture depuis plusieurs années.
Cete artiste peut donner une image trompeuse d'elle-même, comme sa peinture peut l'être.
Apparemment, son sujet principal est l'être vivant, homme, femme, enfant, parfois animal avec son truc en plume, comme Zizi qui fût d'abord petit rat.
Laurence devient meneuse de sa mise en scène, qu'elle habille ,dedans, dehors, pas forcément pour sauver les apparences, ou alors de la "commedia dell'arte personnage".
Laurence Drapeau, ou L. Drap, drape ses peintures, ses personnages, dedans, dehors, c'est de la danse qu'elle interprête, comme un toréador, le rituel n'est pas fini, l'animal peut s'en sortir vainqueur, pas comme certaines de ses peintures, où c'est l'oiseau qui y laisse ses plumes comme des lettres mortes, ou plumes de danseuses dedans, habillées dehors.
Laurence tire le drap pour ses personnages plus ou moins habités. Personnages drapés à la mode, à la mode de quand ? d'aujourd'hui, d'hier, de demain.
On se retrouve dedans dehors, puisque la mode est toujours à la mode.
L'art dans ce monde actuel, où tout est cousu de fil blanc, tout est confusion, où le marché vénère l'art numéraire, et passera par l'art de rien, pour devenir l'art funéraire, tous les coups sont permis.
Laurence, pour sa peinture, a bien raison de prendre toutes les libertés qui lui sont offertes, même si cela n'est plus à la mode.

Bernard Philippeaux - 18 janvier 2013

 

 

tableaux exposés

Texte de Marielle Ernould - Gandouet à propos de la série Dress Code 2013

Instants captés sur une vision approchée, qui s'impose, sur des corps jeunes et beaux, sur leurs habits de fête, sur les arabesques des tissus, sur les couleurs gaies.
Instants de vie devant un espace abstrait...

A la seconde lecture, surgissent des manquements troublants - les têtes sont absentes, ou tronquées -
sur des rapprochements bizarres - les rubans gracieux d'un joli caraco, évoquant soudain les noeuds d'une camisole de force . Surgissent des ajouts inquiétants - le filet du même rouge que la robe vaporeuse, trace au poignet d'un bras gracile - surviennent des mimétismes inquiétants - la cuillère de "smarties" turquoise approchée des lèvres d'une belle placée dans un univers du même turquoise. Et, comme une parure, il y a ces aiguilles, ces épines, ces liens, faits pour blesser, empêcher. Comme ceux enserrant les poignets d'une jeune femme tournant le dos à notre regard, comme ces Vénitiens de Tiepolo, tournés vers un invisible "Nouveau Monde", que l'une, pas plus que les autres n'atteindront jamais.

Avec cette série baptisée "Dress code" - " look de l'emploi oblige"-, Laurence Drapeau poursuit ses "Ouvrages de Dame", commencés en 1997, réflexion sur le féminité, établie à l'aide d'images rencontrées, tirées du monde actuel. A partir de là, elle compose un scénario, monde en aplat. Les détails du tissu, de la parure, de ces séductions faites pour tromper, touchent le corps, en font partie, comme la peinture de Laurence Drapeau, étendue en couches minces sur une toile libre accrochée au mur puis clouée sur le chassis, semble faire partie de son support.

Dans cet univers à la simplicité apparente, où les détails insistants sont là pour tromper, les yeux deviennent absents, les visages se défonts, le futur de ces être s'enfuit "tout doucement, sans faire de bruit" disait Prévert. L'art de Laurence Drapeau, avec sa séduction cruelle, offre une mise en retrait notable de l'écriture. Stendhal pratiquait cette retenue pour évoquer la braise déchirant les coeurs.

Maqrielle Ernould - Gandouet

 Texte de Pierre Guitton à propos de la série 64 La Bonne Distance 2019 -20 .

 A première vue tout semble normal, ou à peu près : tiens des fleurs!

 ( c'est beau, les fleurs), tiens des jeunes gens! (c'est frais, les jeunes   gens).Et puis, à mieux regarder, ces capsules épineuses, sur fond noir de   tentures endeuillées.

 Se tenir à bonne distance...de la contamination ?

 Et puis, ces grandes fleurs virginales, aux doigts tentaculaires de   sorcière, sont d'un genre fatal. Des tentatrices- prédatrices. La mort   rôde...sous couvert d'élégance. Et puis ces jeunes gens, surpris par un   zoom, comme par le trou d'une serrure, ils font quoi, au juste, là, comme   suspendus au coeur de juillet, au milieu de nulle part. La plage ? Mais   pourquoi se frôlent-ils, ainsi, de si près ?

 Drôle de jeu, amoureux ? sexuel ? pervers? Comme des amibes, sous un   microscope, dont le grouillement ne fait pas sens...

 Se tenir à distance d'un...été meurtrier.

 

 

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